Au musée de la grande guerre se tient actuellement une exposition intitulée
« Mon violon m’a sauvé la vie »
Cette exposition reprend de façon à la fois réaliste et poétique de la place importante que prenait la musique dans la première guerre mondiale, également appelée la guerre des tranchées. Véritable « anti-dépresseur » pour ces nombreux soldats, la musique apportait l’espérance indispensable à la survie. Au centre de cette exposition, la vie de Lucien Durosoire (1878-1955) est décrite, l’un des plus grands violonistes français au début du XXe siècle qui a été mobilisé en 1914. Cette phrase « Mon violon m’a sauvé la vie » est extraite de l’une de ses lettres écrite du front à sa mère.
Un musicien appelé à la guerre
Né en 1878, à Boulogne-sur-Seine, Lucien Durosoire connait une carrière internationale de violoniste soliste. Il a 35 ans quand il est appelé au front, en 1914. Répondant avec enthousiasme à cet appel, la musique l’accompagne dans les tranchées, où il fait la connaissance de deux autres musiciens avec qui il forme un ensemble : André Clapet, compositeur et chef d’orchestre à l’alto, et Maurice Maréchal au violoncelle. Ce dernier mourra pendant la guerre. Après la guerre, Lucien Durosoire se met à composer, dans une vie retirée loin du milieu artistique.
Lucien Durosoire, Maurice Maréchal et André Clapet
Des instruments dans les tranchées
Les historiens relatent qu’il était fréquent que des instruments à cordes soient fabriquées dans les tranchées côté français, alors que du côté allemand, les vents et les percussions prédominaient.
Cependant, le violon ci-dessous a été fabriqué dans un camp de prisonniers allemands situé à Romans dans la Drôme, et date du 25 décembre 1916, « Nuit de Noël ». Le nom de Curt Oltzscher figure dans la caisse, accompagné de quelques vers « Le temps s’enfuit, alors sers-t-en. Agis avec calme et tu atteindras ton but ».
Violon de Curt Oltzscher, 1916
Le deuxième instrument présenté est le fameux « poilu ». Je ne parle pas ici des soldats de la première guerre mondiale, à qui se surnom a été communément donné, mais d’un violoncelle fabriqué dans les tranchées à partir de caisse de munitions, pour Maurice Maréchal.
Plusieurs musiciens se sont intéressés à l’histoire de ce poilu, notamment Emmanuelle Bertrand qui a fait reconstruire cet instrument à l’identique.
La renaissance d’un instrument